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Nos Frères Turcs

Submitted by on lundi, 26 décembre 2011One Comment

«Ils cherchent des crosses…», «Ils préfèrent stigmatiser les erreurs des autres que d’assumer les leurs», «Quel besoin de créer un conflit ex nihilo avec un pays si important ?», ce sont quelques unes des réflexions entendues après le vote par le parlement français d’une loi pénalisant la négation des génocides.

Cette loi que certains comprennent comme spécifiquement préparée pour le génocide arménien et contre la Turquie provoque des réactions dont la violence ne doit pourtant pas surprendre ses initiateurs.

S’il ne viendrait à l’idée de personne de sensé de contester l’horreur de ce qui s’est passé pendant la première guerre mondiale et qui a coûté la vie à plus d’un million d’Arméniens, un génocide dans la plus stricte définition du terme, quel intérêt y avait-il à choisir cette manière de procéder pour que leur massacre soit aujourd’hui reconnu par la Turquie ?

J’ai beau me creuser la tête, essayer de faire preuve de toute l’imagination possible voire même endosser les habits d’un ferme opposant à l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne, je ne comprends toujours pas l’intérêt de cette manœuvre ?

Car, un siècle après cette ignominie, quelle était l’urgence versus la situation quasi explosive de la région, entre l’Iran, l’Irak, la Syrie, le Liban, etc. ? N’avons-nous pas besoin d’un allié fort et motivé à promouvoir une ambition démocratique commune pour tous les peuples ?

Disons-le sans ambages, je suis un partisan convaincu de l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne et les mauvaises excuses avancées par les opposants, géographie, histoire, religion, etc. ne sont que la énième manifestation de l’état d’esprit qui ruine notre société humaine : souligner ce qui nous différencie et pas ce qui nous rassemble

Cette approche, à mon avis suicidaire, est le terreau du communautarisme qui se fragmente à chaque étape en groupes de plus en plus petits, de plus en plus étanches, de moins en moins capables voire même désireux de comprendre «l’autre».

Les Turcs sont musulmans, et alors ? Les Turcs vivent majoritairement en Asie, et alors ? Les Turcs sont les descendants de ceux qui ont exterminés plus d’un million d’Arméniens, il y a environ un siècle, incontestable pour beaucoup, discutable pour certains, mais dans tous les cas en sont-ils responsables ?

Doit-on punir la génération actuelle pour les fautes de leurs grands-pères et arrières-grands-pères ?

Comment ? Il ne s’agit pas de cela, il faut «simplement» qu’ils reconnaissent le génocide… De la même manière, j’anticipe, que (Exemple parmi beaucoup d’autres possibles) la France a reconnu sa responsabilité dans les maladies des populations exposées aux essais nucléaires aériens ou souterrains, que ce soit en Algérie ou en Polynésie ?

Vous remarquerez que j’ai choisi un sujet dont la dangerosité fait généralement consensus (Tirs atomiques) et pour lequel malgré tout les victimes ont tant de mal à être reconnues jusqu’à aujourd’hui. Reconnues par le même pays qui souhaite que la Turquie ouvre enfin les yeux sur son terrible passé.

Faites ce que je vous demande mais pas ce que je fais.

En conclusion, je m’interroge, un de mes meilleurs amis (Depuis mes 11 ans) est allemand, en avais-je le droit ? Lorsque l’on y pense, parmi ses grands-parents ou arrières-grands-parents, il y a certainement eu des partisans du 3ème reich (Je l’écris toujours avec une minuscule) et…

Cette saillie est presque aussi ridicule que la prétention qui consiste à imposer aux autres un travail de mémoire et de reconnaissance. Les accompagner, leur parler, échanger, construire l’avenir sur des bases communes avec ce que cela nécessite de difficiles remises en cause, oui, mille fois oui.

Mais imposer, non !

C’est pour toutes ces raisons que cette chronique porte le titre de «Nos Frères Turcs», mes contemporains, pas ceux d’il y a un siècle dont le «procès» doit être d’abord fait par leurs descendants.

Bonne journée à tous

One Comment »

  • Jean said:

    Je trouve votre texte remarquablement équilibré. Ce qui manque beaucoup dans le débat actuel, pollué par des gens qui croient détenir la vérité (dans chaque camp)