Les sondages ne se sont pas trompés et Nicolas Sarkozy a lourdement expérimenté, hier soir, le boomerang politiquement incorrect qu’il s’était lui-même préparé en lançant notamment son désormais culte :

«Casse-toi, pauvre con !»

Comment s’étonner alors que le «peuple» se soit révolté et ait rué pour renvoyer dans un brancard moral celui qui l’avait trop bousculé ?

Pourtant, avec un écart final si faible dans un contexte de désamour record entre un président et l’opinion publique, son camp regrettera longtemps que là aussi il ait joué «perso». Car, d’autres que lui auraient pu faire gagner «les idées et les valeurs» auxquelles il a fait référence dans son discours d’hier soir.

Mais, il a opportunément «oublié» de le mentionner…

Place au nouvel élu, vieux routard de la politique mais pas des responsabilités gouvernementales, adepte confirmé du compromis et de la synthèse mais pas des décisions tranchées ; sa rondeur comportementale pourra être un avantage dans des temps qui s’annoncent difficiles, charge à lui de ne pas oublier cette maxime que tout chef d’entreprise connaît par cœur :

«Dire oui augmente le chiffre d’affaire, dire non augmente le bénéfice…»

Parce que la page qu’il trouvera sur son bureau doré de l’Élysée ne sera pas blanche mais couverte de chiffres gras et inquiétants, ceux de la dette française qui flirtera rapidement avec les 1’800 milliards d’euros, ceux de la croissance qui sera dans le meilleur cas simplement positive (Entre 0 et 1%) en 2012, ceux du chômage qui passeront les 10% cet été, ceux du commerce extérieur dont le déficit a atteint le montant record de 70 milliards d’euros en 2011 et qui n’a aucune raison de s’améliorer à moyen terme, etc.

Alors, résistera-t-il à la tentation de contenter les français en distribuant, catégorie par catégorie, des «bonus» qui seront autant de semelles de plomb avant la traversée du fleuve de la crise dont personne ne connaît ni la largeur, ni la profondeur ni même la force du courant ?

De cette réponse dépendra, entre autres, l’épisode II de la fête de la Bastille, parce que réjouissons-nous pour nos voisins à l’idée du retour de «l’espoir» chez eux, mais en gardant les yeux ouverts car la mise en œuvre du programme «hollandais» et surtout sa réussite semblent une gageure…

«Il n’y a que dans le dictionnaire que réussite vient avant travail»

Pierre Fornerod

Bonne semaine à tous

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