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Brèche (Suite)

Submitted by on vendredi, 11 juin 20103 Comments

Précisons d’entrée que je ne sais pas jusqu’où ce récit m’emmènera aujourd’hui tant mon esprit est encore vacillant, ceci en harmonie avec mon organisme qui émerge tranquillement du gouffre des derniers jours, très tranquillement…

Nous en sommes restés à vendredi alors que le mal de nuque se doublait de céphalées à l’intensité croissante et, semblait-il, sans limites. L’hôpital de Nice nous avait téléphoniquement « rassurés », surtout mon épouse qui m’encourageait à être patient. Ma condition empirait mais dans une atmosphère de « normalité », je glissais dans un autre état « soutenu » par un soudain (Et très étonnant pour moi) besoin de beaucoup dormir qui m’a préservé de nombreuses et si pénibles heures de veille.

Samedi matin, dernière tentative de manger un croissant, les yeux fermés (La lumière m’était devenue insupportable) et recroquevillé (Toute autre position que celle du fœtus était devenue impossible), quelques heures de pseudo sommeil plus tard, déchiré par des éclairs que je renonce à tenter de décrire, j’ai commencé à penser que c’était vraiment sérieux.

Les initiations requièrent des conditions exceptionnelles, j’ai été servi… L’un de mes meilleurs amis est médecin et j’ai souvent eu recours à ses conseils avisés. Bien entendu, quand samedi j’ai eu la conviction que « quelque chose n’allait pas », je l’ai appelé et ai laissé plusieurs messages d’appel à l’aide.

100611-Initiation

Dimanche matin, ma nuit a été terrible. J’ai la sensation de couler et malgré ma réputation de ne pas être « douillet », je n’arrive plus à gérer cette douleur omniprésente qui me démolit à coups de boutoir ininterrompus. Je ne sais plus quoi faire, j’ai besoin d’aide et j’apostrophe durement ma femme qui prépare nos cadets pour la première communion du fils d’une de ses amies. Dans mon état, je ne comprends pas qu’elle n’annule pas…

Je ne me souviens pas de mes paroles, elles ont dû être suffisamment « délirantes » pour qu’elle s’éclipse jusqu’au soir et que je passe la plus douloureuse journée de ma vie en la seule compagnie de mes aînés.

J’avais renoncé depuis la veille à toute nourriture solide mais j’avais soif, j’ai donc essayé de boire avec comme résultat un réflexe vomitif immédiat, une seconde tentative dans l’après-midi a terminé de vider mes boyaux dans une série de violents rejets, accompagnés de larmes devant ce gouffre qui m’aspirait. Qu’il soit blanc, en porcelaine, et constellé de flux gastrique ne changeait rien au dénouement anticipé et à la terreur qu’il m’inspirait.

Lorsque j’écris cela, à « tête reposée » (Jamais expression ne fut plus pertinente) je trouve insensé d’avoir attendu d’être dans un tel état pour réagir mais le piège était parfait, mon ami médecin n’avait pas son portable avec lui ce week-end là, la très gentille et compétente professionnelle (Sans aucune ironie) qui avait procédé à la ponction était partie le vendredi soir en vacances pour un mois, ma femme était fâchée et j’étais trop mal pour réfléchir utilement.

Heureusement, mes aînés ont décidé que cela suffisait et ont appelé à plusieurs reprises l’hôpital de Monaco qui leur a tout d’abord indiqué qu’il pouvait arriver d’avoir mal à la nuque après une ponction lombaire et que tout rentrerait dans l’ordre après 2 ou 3 jours; mais lorsqu’ils ont expliqué que je vomissais même l’eau que je tentais de boire, l’hospitalisation a été déclenchée.

Mon épouse, enfin de retour, a alors pris les choses en main et m’a accompagné aux urgences. Merci aux ambulanciers qui ont compris qu’il était important de me tenir la main pendant le trajet et de me promettre que dans « un moment »je n’aurais plus mal… Arrivé au CHPG, j’ai été ausculté, questionné, évalué, perfusé pour que des anti-inflammatoires, antalgiques et autres puissent me soulager. La vérité est que seule la morphine y est parvenue pour qu’enfin cette gangue de douleur me quitte.

Cela ne sera pas original d’écrire que « Je ne savais pas que l’on pouvait tant souffrir » mais ce sera sincère.

Quelques heures après mon admission aux urgences, mon état étant stabilisé, j’ai été transféré dans le service « Orthopédie » qui disposait d’une place pour m’accueillir. Que ces merveilleuses personnes trouvent ici l’expression de ma profonde reconnaissance, des aides-soignants aux infirmières, en passant par le Chef de Service et les responsables de l’entretien, que de dévouement, que de gentillesse, que d’écoute, que d’humanité !

Lundi en fin de matinée, on a réparé la « fuite » grâce à un « blood patch » parfaitement mis en œuvre par le Docteur Mohammed Bouregba. Pour ceux que cela intéresse, cela consiste à injecter du sang dans l’espace péridural lombaire afin que les pressions interne et externe s’équilibrent et permettent ainsi à la brèche de se refermer. Le sang étant bien entendu prélevé sur la personne qui bénéficie du « blood patch ».

Dans mon cas, 2 belles grosses seringues puisées à la même veine que celle mise à contribution lorsque je donne mon sang. En le voyant couler, j’ai souris en pensant qu’après 30 années de dons, c’était la première fois que je m’en faisais un, j’espère que les précédents ont eu autant de vertus que celui-là…

Ma vue commençant à se brouiller, je vous propose d’interrompre ici et de continuer prochainement (Certainement demain) ce récit d’une aventure que je ressens de plus en plus comme un réveil et une initiation.

Excellente journée à tous

3 Comments »

  • MB said:

    J adore votre blog…
    Amitiés
    M.B.

  • Manuel (author) said:

    Merci !

  • Johnny Alité ! | e-martin.org said:

    […] « light » de l’aventure « Brèche dans la dure-mère » (Relatée ici en 3 épisodes, 1, 2, 3), je peux témoigner de la douleur suraigüe ressentie bien que je sois resté couché et que je […]